Bernard Bensaïd, l'empereur et sa cavalerie
Avec, c'est 200 millions d'euros de passif pour bien peu d'actifs. Le "groupe" de Bernard Bensaïd est une vue de son esprit et un trou noir.
“Installé dans son vaste bureau parisien du quartier de la Madeleine, l’entrepreneur a accepté de répondre aux questions sur le déclin de son empire” écrit Challenges, le magazine économique propriété de Bernard Arnault.
Nous, à L’Eclaireur, pouvons parler à l’aise des affaires de M. Bensaïd. Deux ans d’enquête, plus de vingt articles de fond pour mettre à jour les méthodes qui ont permis à celui que Challenges nomme “le roi des ehpad”, non pas de construire un empire, mais une vaste opération de cavalerie interne1.
Ce sont à notre connaissance 38 personnes morales de la sphère du groupe Avec, dirigées par M. Bensaïd, qui font aujourd’hui l’objet de procédures collectives. Et les ennuis de M. Bensaïd ne vont pas s’arrêter là puisque, déjà mis en examen pour détournement de fonds publics et prise l’illégale d’intérêts dans l’affaire du Groupe hospitalier mutualiste de Grenoble – il encourt dix ans de prison et vient de faire appel d’un acte du juge d’instruction, ce qui retarde la procédure – il risque fort de devoir répondre au pénal de délits de banqueroute et de présentation de faux bilans. Nous savons de sources sûres que des plaintes seront déposées par des avocats de parties adverses. La banqueroute est punie de cinq ans de prison et de 75 000 euros d’amende.
Bernard Bensaïd a commencé dans l’immobilier. Plus particulièrement dans l’immobilier de tourisme, secteur qui en France depuis des décennies vend du rêve patrimonial et de la défiscalisation (donc organisée par l’Etat) à de petits investisseurs. Le principe est simple : vous achetez un appartement dans une résidence de tourisme ou étudiante, vous signez un bail commercial avec une société chargée de gérer sa location et l’entretien de la copropriété, qui en retour vous garantit un loyer mensuel, une rente. L’Etat de son côté vous accorde des abattements fiscaux sur les révenus générés par votre investissement. C’est bon pour les banques, les promoteurs et le BTP. Moins bon pour les investisseurs et le contribuable, voir les déboires de Pierre & Vacances.
Bernard Bensaïd a racheté à la barre des tribunaux de commerce toute une floppée de sociétés en faillite qui géraient des résidences de tourisme. En reprenant ces sociétés, il a repris les baux et les obligations en découlant.
Dans l’ensemble de ces résidences de tourisme, les loyers n’ont pas été réglés dans leur intégralité aux propriétaires, alors que les sociétés elles encaissaient bien le produit des locations. Les copropriétés n’ont pas été entretenues, les charges rarement acquittées et les fournisseurs réglés au compte-goutte, quand il le furent.
Dans l’article ci-dessous sont explicitées, documents à l’appui, deux opérations effectuées par le “groupe” Avec qui sont problématiques et qui mettent en lumière des pratiques de gestion pour le moins exotiques.
Si Bernard Bensaïd est mandataire social de près d’une centaine d’entités – sociétés commerciales, associations et mutuelles – c’est pour une raison fort simple : avoir accès aux comptes en banque de ces entités et pomper leur trésorerie pour financer les nouvelles acquisitions de son “groupe” qui n’en est pas un, tout en leur facturant des prestations de services généraux. Bernard Bensaïd a tout simplement créé une pyramide de Ponzi à l’intérieur de son “groupe” où les fonds des entités le composant ont été ponctionnés en échange de créances jamais honorées.
Ce type de système ne peut perdurer que par deux biais : l’organisation de l’opacité et jouer sur la lenteur de la justice. Il faut reconnaître à M. Bensaïd d’être un expert en la matière.