[ Flash ] Bribri c. Candy
Les poursuites en diffamation contre Candace Owens engagées par le couple Macron tournent à la farce.
Répétons-le: la diffamation aux USA est une procédure civile, et c’est sur celui qui attaque que repose la charge de la preuve. Contrairement à en France, où la diffamation est une procédure pénale dans laquelle le prévenu a la charge de la preuve.
Aux USA, la diffamation est un préjudice causé à la réputation. En France, il s’agit de l’imputation à autrui de faits non avérés portant atteinte à l’honneur et à la considération. Pas du tout la même chose.
La barre pour que des personnages publics comme Brigitte et Emmanuel Macron puissent faire condamner en diffamation aux Etats-Unis un média ou un journaliste est particulièrement haute, puisqu’il faut à la fois (1) prouver que les faits avancés sont faux et, plus important, (2) que le journaliste et le média qui les ont publiés étaient de manière irréfutable au fait de leur nature fallacieuse au moment de leur publication, ce qui permet de qualifier la malveillance.
Tom Clare, l’avocat des Macron facturant au bas mot 2000 dollars de l’heure, a déclaré à la BBC qu’il produirait des déclarations du couple Macron, des preuves photographiques et des éléments d’expertise scientifique.
Admettons. Que cela change t-il à l’affaire? Rien.
Les avocats de Candace Owens ont déjà fait savoir qu’ils demanderaient à la cour de vider du dossier ces “preuves”. Sans compter que si une “expertise scientifique” unilatérale est présentée, alors la défense peut demander - et obtiendra - une contre-expertise.
Dans l’instance originale déposée par Tom Clare, les seules “preuves” apportées étaient un extrait du carnet mondain du Courrier Picard et des photos de famille datant de plus de cinquante ans… Nous imaginons d’ici les crises de fou rire au greffe de la cour supérieure de l’Etat du New Jersey.
Quoiqu’il en soit, Candace Owens ne pouvait pas avoir connaissance au moment de la publication de sa série “Becoming Brigitte” des preuves qu’entend apporter l’avocat des Macron. Donc, en tout état de cause, elle peut difficilement avoir diffamé. D’autant qu’elle n’a cessé de réclamer du contradictoire de la part du couple Macron sans jamais l’obtenir.
Plus nous tournons et retournons cette affaire, plus la seule explication plausible des poursuites aux USA est le pourvoi en cassation dans le dossier Natacha Rey et Amandine Roy. L’un des éléments qui a joué pour la relaxe en appel est que Brigitte Macron n’attaquait personne d’autre en diffamation.
En France, brailler sous tous les toits que Brigitte Macron est née homme n’est pas diffamatoire. La transition de genre est légale. Imputer faussement, même avec malice, à autrui la commission d’actes parfaitement licites ne saurait être attentatoire à l’honneur et à la considération.
C’est la raison pour laquelle Brigitte Macron a saisi le parquet national de lutte contre la haine en ligne contre Xavier Poussard et deux autres personnes au motif de harcèlement en ligne. Instrumentalisation de la justice s’il en est, d’autant que Brigitte Macron n’a pas attaqué en référé pour faire retirer de la vente le livre de Xavier Poussard. Curieux tout de même de ne pas demander la cessation du préjudice qu’on affirme subir pour porter plainte au pénal…
Cette procédure aux Etats-Unis tourne à la farce, et se pose toujours la question de savoir qui paie…
en France, c’est une procédure inquisitoire et donc la justice, enquête à charge et à décharge, la charge de la preuve n’incombe, jamais au prévenu