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STMicroelectronics : où sont passés les milliards?

En 2022, Macron, le Maire et Breton vantaient, 2,9 milliards d'euros d'aide à la clé, le projet qui allait faire de ST le champion européen des semi-conducteurs. Mais où sont passés les milliards ?

Le 12 juillet 2022, Emmanuel Macron et Bruno le Maire sabraient, sur le site de Crolles en Isère, le champagne pour fêter le partenariat entre le franco-italien STMicroelectronics et l’américain (adossé à un fonds émirati) GlobalFoundries. Objectif : doubler la production de semi-conducteurs dans l’UE et tenter de rester dans la course face aux géants américains et asiatiques.

La suite, on la connait. A la pénurie causée par la Covid a suivi une ruée sur ce secteur provoquant une inévitable surcapacité de production de puces, elle-même résultant dans le constitution de stocks alors que le marché, industriel et automobile, se retournait.

La reste était toute aussi prévisible. GlobalFoundries mettait entre parenthèses un partenariat qui n’avait jamais concrètement démarré. Sur le site, personne n’a jamais vu les Américains participer à la construction des bâtiments ou installer de machines. “La seule fois où on a entendu parler de GlobalFoundries , c’est quand il y avait Macron”, résumait un de nos interlocuteurs en février 2024.

STMicroelectronics a donc continué seul, assemblant les modules d’extension de l’usine jusqu’à ce que tout s’arrête début 2024. Mais de tout ceci, l’Elysée si prompt à communiquer il y a trois ans, ne s’en vante pas. Où en est le projet, et le partenariat, dont on rappelle que s’il a pu déboucher sur une signature, c’est parce que beaucoup d’argent public, 2,9 milliards d’euros sur un projet de 7,5 milliards, a été mis sur la table ?

De manière très factuelle, on peut affirmer que GlobalFoundries n’est pas (encore ?) partie prenante dans l’aventure1. En novembre dernier, l’industriel américain conditionnait sa participation à l’évolution du marché. Las, le marché ne s’est pas rétabli. Et Trump a signifié depuis combien il entendait rapatrier les investissements sur le sol américain.

Côté emplois, ce n’est pas mieux. Non seulement les mille emplois promis avec le projet n’ont pas vu le jour mais, en proie à de sérieuses turbulences – le groupe a enregistré en 2024 une chute de 63 % de son bénéfice net et une baisse de 23,3 % de son chiffre d’affaires – STMicroelectronics a annoncé supprimer près de 2 800 emplois, après avoir procédé à plusieurs arrêts d’activité d’usines en 2024 histoire d’alléger les coûts.

Les perspectives de restructuration d’activités voire de délocalisations vers l’Asie 2 comme le craignent les syndicats ne sont pas pour rassurer les représentants du personnel. Ils se heurtent en France, contrairement à leurs collègues italiens, au silence d’un Etat qui, rappelons-le, est actionnaire de STMicroelectronics via la BPI France (la banque publique d’investissement présidée par la Caisse des dépôts dont le directeur général était jusqu’il y a peu l’actuel ministre de l’économie Eric Lombard).

Quel avenir pour les sites et les emplois ? Quelle stratégie industrielle ? Y a-t-il un plan (allô le Haut commissariat au plan) ? “ Est-ce que l'on innove assez ? interroge Nadia Sahli (CGT, site de Crolles). Il y a quelques années, ST a validé le choix de l’Etat d’arrêter la R&D sur les technologies très avancées”.

C’était il y a dix ans. L’Etat via la direction générale des entreprises – le service qui conçoit et met en œuvre les politiques publiques qui concourent au développement des entreprises – sommait STMicro de faire une croix sur le 14nm FD-SOI, une technologie avancée qui depuis a trouvé son application dans la 5G. Une technologie initialement développée grâce à l’argent public par le laboratoire d’électronique et de technologie de l’information de Grenoble (Leti), avant d’être reprise par STMicro. Elle sera finalement revendue à GlobalFoundries… Même chose pour le 28 FD-SOI, revendu à Samsung.

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