Taxe Zucman : banque à tout va
Il est distrayant d'observer une gauche sortir de son chapeau un nouvel économiste proposant une solution idiote qui ne règle rien. Ce sont les nantissements qu'il faut taxer, pas le patrimoine.
La gauche, toujours à la recherche du nouveau Jacques Attali.
Dernier avatar en date, Gabriel Zucman, un petit choupinet qui a déclaré avoir été profondément traumatisé par l’accès de Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle de 2002. Cet événement, d’après lui, a conditionné ses efforts, tant universitaires que politiques. Pour que cela ne se reproduise pas. Un échec jusqu’à présent, concède-t-il avec modestie. Nous allons vous démontrer dans cette rapide analyse qu’il va continuer d’échouer et vous expliquer pourquoi.
Cette gauche française, aussi bourgeoise que dépourvue d’idées et hypocrite, a toujours besoin de porter aux nues des « intellectuels » qui, selon elle, posséderaient la vérité et détiendraient la solution à tous les maux de la société française. Il y a quinze ans, c’était Thomas Piketty. La pensée magique – proclamer des relations de cause à effet entre des événements ou des actions sans fondement logique – la gauche française adore.
Notons que le directeur de thèse de Gabriel Zucman fut un certain Thomas Piketty, que ses travaux sont financés notamment par l’Open Society Foundation de George Soros, qu’il participe activement à l’élaboration du programme économique du Parti socialiste, et qu’il est proche de Raphaël Glucksmann.
La pensée magique permet à cette gauche sans électeurs de justifier que le pouvoir lui est toujours dû, alors qu’elle est la principale responsable de la situation calamiteuse du pays depuis le tournant de la rigueur de Mitterrand et Delors en 1983 – même si la droite française, la plus bête du monde, n’a rien fait pour purger et réformer un système dont elle a tout aussi grassement profité. Il ne faut surtout pas toucher au train de vie de l’État.
Il importe que rien ne change, qu’on puisse en France continuer de dépenser 1,5 milliard pour que quelques bobos se baignent dans la Seine et des centaines de milliards dans l’éolien pour que les copains puissent se goinfrer par la création ex nihilo d’un marché non rentable et sans utilité énergétique, industrielle, économique ni environnementale. Il faut persister à débourser, sans aucune forme de contrôle ni efficacité économique, près de 250 milliards d’euros par an d’aides aux entreprises, parce qu’alors c’est l’État, donc des hauts fonctionnaires incompétents et des politiciens corrompus, qui dirigent une économie qui n’est que prébendes et clientélisme.
Et ne voilà-t-il pas qu’on nous sort du chapeau Gabriel Zucman et sa taxe pour régler par l’opération du Saint Esprit plus de quarante ans de gestion calamiteuse qui cache mal de gigantesques opérations de transfert de fonds publics vers des intérêts privés . Alléluia ! Tous nos problèmes, à commencer par celui de l’état calamiteux des finances publiques, sont résolus. Hosanna au plus haut des cieux ! Et en plus, on va taper sur les 1800 individus les plus riches parce que c’est moral, assène l’un des pires grands bourgeois parisiens de gauche, Mathieu Slama.
Qu’est-ce que cette fameuse taxe Zucman ? Elle consiste à instaurer, au nom de la justice fiscale, un impôt plancher minimum de 2 % sur la valeur du patrimoine des ménages ou individus dont la fortune dépasse 100 millions d’euros. Pourquoi 100 millions et pas 50 ou 10 ? Mystère et boule de gomme.
En fait, la taxe Zucman est une taxe sur la valorisation du patrimoine, parce que les revenus du patrimoine – loyers, dividendes, intérêts – et les plus-values dégagées à la vente sont déjà imposés. C’est une mesure parfaitement imbécile qui n’améliorera en rien la justice fiscale et qui ne s’attaque pas au fond du problème, occulté par cette gauche aussi bourgeoise qu’hypocrite – bref, néolibérale.
L’argument moral, donc démagogique, justifiant la taxe Zucman est que les ultra riches, comme il est convenu de les appeler, ont multiplié leur fortune par 9,4 entre 2003 et 2023. Or, dans la même période, la valorisation des marchés financiers n’a que triplé. Par quelle magie noire, par quel tour de passe-passe cela est-il possible ?
Par ce qu’on appelle les emprunts lombards et les effets de levier, parce que les banques ne prêtent qu’aux riches. Explications.
Posons que vous déteniez un patrimoine immobilier locatif d’une valeur de 10 millions d’euros qui génère un rendement brut de 5% par an, soit 500 000 euros avant impôts et charges. Vous allez voir votre banque et vous lui demandez de vous accorder un prêt de 5 millions d’euros sur 10 ans pour acheter plus d’appartements, arguant que les loyers supplémentaires perçus suffiront à faire face au remboursement - ce qu’on appelle un effet de levier1. La banque acceptera, en prenant en garantie une partie de votre patrimoine, de vous accorder cet emprunt à un taux aujourd’hui de l’ordre de 3% par an.
Imaginez maintenant que votre patrimoine immobilier soit détenu par une société civile immobilière (SCI) dont vous êtes le principal associé et, qu’au lieu de donner en garantie un partie de votre patrimoine immobilier, vous nantissez le prêt avec vos parts dans la SCI - que vous mettez en gage ces actifs mobiliers. La banque vous accordera alors ce qu’on appelle un emprunt lombard à un taux comparable à celui d’un prêt immobilier, non pas sur l’ensemble de la valeur des parts nanties, mais sur une partie. Cet emprunt sera un emprunt in fine, c’est à dire que le capital sera remboursé à son échéance, non pas amorti sur la durée de l’emprunt. Les intérêts seront réglés chaque année sur l’ensemble de la somme prêtée. Vous conserverez la pleine propriété des parts nantissant le prêt ainsi que les revenus qu’elles génèrent. Contrairement à un prêt immobilier qui doit être consacré exclusivement à un achat immobilier, un emprunt lombard est sans affectation. Vous pourrez l’utiliser comme bon vous semble.
Imaginez que vous prêtiez les 5 millions de votre emprunt Lombard à votre SCI sous la forme d’un apport en compte d’associé rémunéré à 5% par an. Votre SCI à son tour pourra aller voir une banque et demander un emprunt de 10 millions d’euros afin de développer ses activités dans l’immobilier locatif, et donc investir en tout 15 millions, les 5 millions que vous lui avez prêtés (qui sont des fonds propres) et les 10 millions qu’elle aura empruntés. En simplifiant, vous aurez donc multiplié par 2,5 votre patrimoine et votre SCI paiera les intérêts de votre emprunt Lombard…
Imaginez maintenant que vos parts de la SCI ne soient pas détenues directement par vous mais par votre holding (une société dont l’objet social est de détenir des parts d’autres sociétés) et que vous prêtiez à votre holding sous forme d’apport en compte d’associé les 5 millions de l’emprunt lombard que vous aurez nanti avec une partie de vos parts dans votre holding , holding qui elle prêtera 2,5 millions à la votre SCI, qui elle empruntera 7,5 millions pour développer ses activités d’immobilier locatif. Les 2,5 millions restants? Votre holding pourra par exemple les prêter une autre de ses sociétés filles créée dans le but d’acquérir et d’opérer commercialement un yacht ou un jet privé. Sans compter que vous bénéficierez des avantages fiscaux offerts par le système de holding et que les intérêts des dettes contractées par vos sociétés seront pour elles des charges, déduites de leur résultats, réduisant ainsi l’impôts sur les sociétés. Localisez la holding au Luxembourg, pays membre de l’UE, et pas d’impôts.
Voyez-vous où nous voulons en venir?
Reproduisez ce système dans un contexte où pendant près de 20 ans des banques centrales occidentales ont créé de la monnaie à toute berzingue afin de préserver la liquidité des banques et des marchés - n’oubliez pas que la crise de 2008 fut d’abord une crise de liquidité en dollar américain - le tout avec des taux d’intérêts proche de zéro voire négatifs, et gardez à l’esprit que les banques ont l’impérieuse nécessité de prêter et ne prêtent qu’aux riches: vous comprendrez comment les nantis en nantissant ont multiplié par 9 leur patrimoine en 20 ans.
Quand on dispose d’un patrimoine conséquent, on a tout intérêt à vivre à crédit sans toucher à son capital, puisque le crédit qui finance le train de vie n’est pas imposable. Mais, nous direz vous, une fois l’emprunt lombard arrivé à échéance, il faut bien rembourser. Certes: en contractant un nouvel emprunt lombard puisque vous n’avez pas touché à votre capital…
La taxe Zucman est donc une crétinerie, un absurdité sans nom, car ce n’est pas la valorisation du patrimoine qui faut taxer mais les opérations financières qui permettent de le rendre liquide sans le grever.
Les 2%, ce sont sur les emprunts consentis par les banques sur la base nantissement par des personnes physiques ou leur holding personnelles qu’il faut les prélever, car ce sont ces emprunts qui financent le train de vie des “ultra riches”, qui n’ont que peu de revenus. Et là, plus de raison de mettre un plancher à 100 millions d’euros: 2% pour toute opération de nantissement, pour tout emprunt lombard, réalisé en France comme à l’étranger. Question justice fiscale, on ne fait pas mieux.
Cette gauche française bourgeoise et urbaine, s’attaquer aux banques et à l’industrie de l’investissement privé, qui sont le cœur du problème ? Vous n’y pensez pas! En France, les banquiers sont de gauche. Ce sont les assureurs qui sont de droite.
Qui prête pour les emprunts Lombard à peu de risque? Les banques. Et avec quel argent les banquent prêtent-elles? Avec celui que les banques centrales les autorisent à créer par le crédit…
L’effet de levier est un mécanisme financier qui consiste à utiliser de l’endettement (un prêt) pour augmenter la capacité d’investissement ou le rendement potentiel d’un placement, sans mobiliser la totalité de son capital propre. En d’autres termes, il permet d’investir ou de réaliser un projet avec une mise initiale limitée, en s’appuyant sur des fonds empruntés. Cela amplifie à la fois les gains potentiels et les risques de pertes.





Bonjour! J’ai une question: si une taxe sur les emprunts garantis par nantissement existait, ce serait les banques qui la collecteraient j’imagine ? Si l’emprunt est sur une banque étrangère comment ça marcherait ?