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Benoît Paré :"Les nationalistes ukrainiens interdisent toute concession à Zelensky"
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Benoît Paré :"Les nationalistes ukrainiens interdisent toute concession à Zelensky"

Un accord de paix russo-ukrainien ne marquera peut-être pas pour autant la fin des hostilités, prévient un ancien analyste au ministère de la défense, envoyé dans le Donbass de 2014 à 2022.

Officier de réserve de l’armée de terre, ancien analyste au ministère de la défense, Benoît Paré a surtout un très longue expérience des missions internationales en zone de conflit, plus particulièrement au sein de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), pour le compte de laquelle il a participé au monitoring du cessez-le-feu dans le Donbass de 2014 à mars 2022. Il consigne ce qu’il a vu ces huit années durant dans un livre dont nous vous conseillons fortement la lecture.

Contrairement à ce que les médias occidentaux répètent en boucle, il n’y a pas d’animosité des populations russophones du Donbass vis-à-vis des Ukrainiens de l’Ouest. L’inverse en revanche…

Depuis le coup d’Etat de Maïdan qui a vu les “ultra-nationalistes” ukrainiens – appelons-les par leur nom, les néo-nazis - être mis au pouvoir par l’Occident, Etats-Unis en tête, les exactions ont été multipliées par Kiev, qui a utilisé des “bataillons de volontaires”, les ATO, pour faire cette sale besogne. Ils ont été mis en place par celui qui a été sans discontinuer ministre de l’intérieur de 2014 à 2020, secondé par Eka Zgouladzé – à l’époque épouse de Raphaël Glucksmann – Arsen Avakov. Homme lige de Washington, il a complètement disparu des radars depuis le début l’opération spéciale russe.

Ce que rapporte Benoît Paré est vertigineux, et bien loin des narratifs aussi aseptisés et mensongers que la grande presse débite sur cette guerre qui dure depuis onze ans. En soutenant les extrêmistes pour leur haine des Russes, l’Occident n’a t-il pas créé en Ukraine la même chose qu’il créa en Afghanistan durant l’occupation soviétique, un monstre qui viendra lui arracher la main ?

Vous trouverez ci-après un résumé de ce long entretien.

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L'Éclaireur - Pour commencer, pouvez-vous nous expliquer ce qu’est l’OSCE, une organisation peu connue, et quelles sont ses missions ?

Benoît Paré - L’OSCE, Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, a été créée en 1975 sous le nom de Conférence pour la sécurité et la coopération en Europe. Elle réunissait les pays occidentaux et ceux de l’ex-URSS pour favoriser le dialogue et éviter un conflit mondial. Ses priorités incluent la démocratisation, les droits humains et le contrôle des armements.

Jusqu’à la chute de l’URSS, elle fonctionnait discrètement avec des réunions annuelles. Après l’effondrement soviétique, elle a perdu de son importance, mais la guerre en Bosnie-Herzégovine lui a donné un nouveau rôle. Les Nations unies, décrédibilisées après plusieurs années de conflit, ont cédé la place à l’OSCE pour organiser les premières élections post-guerre après les accords de Dayton.

L'Éclaireur - Petite précision, les accords de Dayton datent de 1995, n’est-ce pas ?

Benoît Paré - Oui, ils ont été finalisés en novembre et signés à Paris le 14 décembre 1995. À cette époque, je travaillais à l’état-major de la Force d’action rapide française, sous les ordres du général Morillon, qui s’était distingué à Srebrenica en promettant la protection de l’ONU aux habitants. Après cela, il a été rappelé en France et mis à l’écart, malgré sa notoriété.

Pour revenir à l’OSCE, après Dayton, les grandes puissances ont cherché une alternative à l’ONU, jugée inefficace. Elles ont créé un poste de haut représentant international et confié à l’OSCE l’organisation des élections en Bosnie, sa première mission d’envergure. J’y ai participé par hasard, d’abord comme militaire, puis en tant que civil après avoir intégré l’OSCE. J’ai commencé par des missions courtes, puis des contrats plus longs, jusqu’à rejoindre l’Ukraine en 2015.

L'Éclaireur - Quelle était la mission de l’OSCE en Ukraine ?

Benoît Paré - La mission en Ukraine était spécifique, détaillée dans mon livre Ce que j’ai vu en Ukraine. Nous devions recueillir des informations sur les incidents de manière neutre, surveiller le respect des droits humains et faciliter le dialogue sur le terrain. Ce dernier point, bien que simple sur le papier, était extrêmement difficile. L’OSCE, comme ses États membres, ne reconnaissait pas les républiques autoproclamées du Donbass, ce qui compliquait les interactions avec elles. En revanche, les contacts avec le gouvernement ukrainien étaient fluides. Ce déséquilibre nous empêchait d’être pleinement neutres, contrairement à notre mandat. J’ai tenté de faire évoluer les choses en interne, sans succès. Ce qui m’a finalement poussé à démissionner.

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