Pour la retranscription de cet entretien, voir plus bas.
Michael von der Schulenburg est allemand et diplomate de profession. Ayant fui la République démocratique allemande (RDA) durant la guerre froide, il a fait l’essentiel de sa carrière au sein de l’Organisation des Nations Unies, qu’il a quittée avec le rang de sous-secrétaire général adjoint aux affaires politiques et de construction de la paix Il a également travaillé pour l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
Habitué des zones de conflits (Haïti, Pakistan, Afghanistan, Iran, Irak, Sierra Leone etc.), il a tellement négocié dans des situations particulièrement tendues que son avis sur ce qui se joue dans les discussions pour mettre un terme à la guerre d’Ukraine est précieux, discussions dont les Européens et le président ukrainien sont exclus.
Aujourd’hui député européen, élu sur la liste Bündnis Sahra Wagenknecht (BSW, gauche souverainiste), Michael von der Schulenburg aborde également sans fard d’épineuses questions telles que le réarmement de l’Allemagne et la folie qui étreint les leaders et les institutions européennes, pour qui démocratie et paix ne semblent être que des slogans creux, des mots imprimés sur les immenses bannières qui tapissent les bâtiments du rond-point Schumann à Bruxelles.
Vladimir Poutine ne s’y est pas trompé, qui vient de proposer la mise sous administration onusienne de l’Ukraine, le temps que soient organisées de nouvelles élections présidentielles, prenant ainsi à leur propre piège Emmanuel Macron et Kier Starmer.
L'Éclaireur : Michael von der Schulenburg, merci beaucoup d’avoir pris le temps de nous parler. J’aimerais avoir votre avis sur ce qui s’est passé hier à Paris, lors de la réunion de la « coalition des volontaires »…
Michael von der Schulenburg : L’Europe, l’Union européenne, et cette soi-disant « coalition des volontaires » dont vous parlez ne pourront rien faire de concret. Ce ne sont que des paroles en l’air. On a déjà eu des réunions à Paris, Londres, Bruxelles – encore et encore – mais rien ne change. Il n’y aura pas de troupes de l’OTAN sur le territoire ukrainien, même sous le prétexte de forces de maintien de la paix. Cela déclencherait la Troisième Guerre mondiale. L’idée que l’Europe puisse s’impliquer ainsi dans le conflit ukrainien est irresponsable. Je pense que les Américains empêcheront cela.
L'Éclaireur : Que pensez-vous du programme de réarmement ? Il me semble qu’il a changé de nom parce que les Italiens et les Espagnols le trouvaient trop agressif
Michael von der Schulenburg : Je ne connais pas le nouveau nom, mais peu importe. Ils parlent de 800 milliards d’euros, mais ils n’ont pas un centime pour le financer. Tout ça, c’est du vent. Ils comptent sur 650 milliards de dettes supplémentaires des États membres et 150 milliards d’un nouveau fonds qui n’existe pas non plus. Ce plan est vide, tout comme la réunion de Paris : beaucoup de bruit pour rien.
L'Éclaireur : Donc, tout cela ne serait qu’une façade pour sauver les apparences ?
Michael von der Schulenburg : Je dirais plutôt qu’ils ont perdu la tête. Il s’agit d’une guerre sur le sol européen, et nous n’avons rien fait pour l’empêcher, rien pour soutenir l’initiative de paix russo-ukrainienne à Istanbul, rien pour proposer un cessez-le-feu. Nous refusons de parler à la Russie. Comment obtenir la paix sans dialogue ? Nous nous sommes mis nous-mêmes sur la touche. Et maintenant, alors que les États-Unis changent de position, nous nous accrochons désespérément à l’Ukraine tandis que les Américains considèrent la Russie comme stratégiquement plus importante et sont prêts à lâcher l’Ukraine. L’UE reste attachée à l’Ukraine, mais c’est un gouffre financier où nous engloutirons des milliards d’euros.
L'Éclaireur : Alors, quelle est la solution ?
Michael von der Schulenburg : Il faut soutenir l’initiative de paix américaine. Trump nous sauve de la bêtise des dirigeants européens. Il n’y a pas d’autre option. La guerre est perdue – pour l’Ukraine, pour l’Europe, pour l’OTAN. Nous pensions que la Russie serait facile à vaincre, mais ce n’est pas le cas. Il faut accepter la réalité : l’Ukraine est au bord de l’effondrement. Un cessez-le-feu est indispensable pour sauver ce qui peut l’être. Bien sûr, l’Ukraine perdra des territoires, mais continuer cette guerre n’a aucun sens. Pourtant, en Allemagne, on parle encore de soutenir l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN – après trois ans de guerre, alors que même les États-Unis l’ont exclue. C’est absurde.
L'Éclaireur : Ne pensez-vous pas que les dirigeants européens, notamment en Allemagne et en France, espèrent que Trump ne fera qu’un mandat de quatre ans et que tout redeviendra « normal » ensuite ?
Michael von der Schulenburg : Oui, je sais que certains l’espèrent. Mais ils oublient que cette initiative intervient dès le début de la présidence de Trump. Je suis convaincu que nous aurons un cessez-le-feu, probablement d’ici Pâques. Cette année, Pâques est particulièrement symbolique, car elle tombe le même jour pour les Églises orthodoxes et occidentales. C’est un symbole puissant pour mettre fin à une guerre, et je crois que cela arrivera.