Ce podcast est le fruit d’une collaboration entre Stéphane Luçon et l’Eclaireur. Nous publierons jeudi un long article d’analyse qui viendra le compléter en détail.
La Russie servirait-elle de prétexte pour justifier des ingérences inacceptables dans les affaires intérieures de pays membres de l’UE ou candidats à l’accession ? Sous couvert que Bruxelles, l’Allemagne et la France tiennent ces pays par les fonds structurels, s’agit-il de prétendre « défendre » la démocratie, la liberté et les « valeurs européennes » au point de déposséder littéralement des peuples souverains de leur vote, de manière bien plus agressive que ce qui fut fait en France en 2009, avec l’adoption par voie parlementaire du traité de Lisbonne, dont le contenu avait été catégoriquement rejeté par les Français lors du référendum de 2005 ?
La Roumanie est, selon la formule consacrée, un cas d’école. Possédant la plus grande côte de l’UE sur la mer Noire, elle abrite un important gisement de gaz – évalué entre 60 et 80 milliards de mètres cubes – découvert en 2012 par la compagnie autrichienne OMV et ExxonMobil sur le plateau continental roumain. Ce gisement n’est toujours pas entré en exploitation. Le champ Domino 1, situé en eaux profondes et exploité depuis 2011, a quant à lui fait l’objet d’une lutte acharnée entre la Roumanie et l’Ukraine.
Nous ne mentionnerons pas l’attitude de la classe dirigeante allemande, qui considère l’ensemble de l’Europe centrale, orientale et du Sud-Est comme son hinterland, devant être subordonné sans condition à ses intérêts, qu’il s’agisse d’accéder à des matières premières ou à de la main-d’œuvre bon marché.
La France, elle, se montre indigne. Alors qu’elle a été, pendant près de deux siècles, une fervente défenseure de la souveraineté nationale du peuple roumain, Emmanuel Macron a imposé une rupture des invariants diplomatiques, comparable à celle observée en Afrique et au Moyen-Orient. Cette rupture a entraîné une perte catastrophique de crédibilité, et donc d’influence, pour la France. A-t-il agi par incompétence ou par soumission à des intérêts étrangers ? La France a en effet tout à perdre à jouer le jeu de l’ingérence en Roumanie, perçue par les Roumains comme une forme de colonialisme pour des raisons historiques.
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