L'Eclaireur - La Lettre des Alpes
Le Coup de projecteur de L'Eclaireur
Thomas Fazi : "L'UE sape les fondements de la démocratie"
0:00
Heure actuelle: 0:00 / Temps total: -50:21
-50:21

Épisode payant

L'épisode complet n'est disponible que pour les abonnés payants de L'Eclaireur - La Lettre des Alpes

Thomas Fazi : "L'UE sape les fondements de la démocratie"

La Commission européenne s'attache à subvertir les gouvernements et les sociétés civiles des Etats membres de l'Union. Et elle le fait avec les impôts du contribuable européen.

La retranscription en français de ce podcast est disponible plus bas.

Nous avons tous en tête l’énorme scandale USAID, où est apparu en plein jour ce que nombreux savaient : sous couvert d’humanitaire et d’aide au développement, cette agence fédérale américaine au budget plus important que celui de la CIA, a été l’instrument de graves et continues ingérences dans les affaires intérieures d’Etats souverains, ingérences pouvant aller jusqu’au financement et à l’organisation de coups d’Etat.

Dans un rapport élaboré pour le MCC Bruxelles, Thomas Fazi, journaliste et chercheur italien, montre que la Commission européenne procède exactement de même. Elle utilise d’importants fonds européens pour mener des actions de propagande et des opérations de guerre de l’information et de subversion non seulement hors de l’Union européenne - les exemples moldaves et géorgiens nous viennent à l’esprit - mais également contre des Etats membres de l’UE dont les gouvernements ont l’idée saugrenue de contester certaines politiques européennes dont leur population ne veut pas. Pologne, Hongrie, Slovaquie et aujourd’hui Roumanie, où la démocratie vient d’être assassinée.

L'Eclaireur est une lettre par abonnement. Pour soutenir notre travail, choisissez le vôtre, libre ou payant.

De partout en Europe, par le truchement d’ONG, de think-tanks, de fondations, la Commission européenne sape les fondements de la démocratie, jetant ainsi le discrédit sur l’ensemble de la société civile, qu’elle a remplacé par les clients qu’elle paie grassement. Pire, la Commission finance de manière indirecte des médias, en premier chef les agences de presse - AFP, Reuteurs etc.

Vous pouvez lire Thomas Fazi dans les colonnes de nos confrères britanniques de UnHerd, de nos confrères américains de Compact Magazine et sur son Susbtack.


L'Éclaireur : Commençons par ce qui se passe à Bruxelles et par ce qui semble être la stratégie de repli de l’État profond américain en Europe.

Thomas Fazi : Je pense qu’il faut envisager plusieurs niveaux pour comprendre ce qui se déroule en Europe en ce moment – une véritable folie qui se déploie sous nos yeux. Trump tente, maladroitement, de mettre fin au conflit en Ukraine, tandis que les Européens, pour la première fois depuis des décennies, s’opposent aux États-Unis en s’entêtant à poursuivre une guerre qui s’est révélée absolument désastreuse, non seulement pour l’Ukraine, mais aussi pour l’Europe, tant sur le plan économique que géopolitique.

À mon avis, ce n’est pas un hasard. L’un des objectifs implicites des États-Unis dans cette guerre a été non seulement d’utiliser l’Ukraine comme un outil pour affaiblir la Russie, mais aussi d’affaiblir l’Europe elle-même. En poussant l’Europe à rompre ses liens économiques avec la Russie, notamment dans le secteur énergétique, les États-Unis ont rendu l’Europe plus dépendante de leurs ressources, en particulier du gaz naturel liquéfié (GNL) américain.

Cela fait partie des ambitions géostratégiques américaines depuis longtemps, et Washington ne s’en est pas caché. C’est précisément pour cette raison que les États-Unis se sont opposés à la construction du gazoduc Nord Stream 2. Sous la première administration Trump, plus que sous toute autre, des sanctions et des pressions économiques ont été exercées sur l’Allemagne pour bloquer ce projet. Ils ont réussi à le ralentir, mais pas à l’arrêter complètement.

Il est important de souligner ce point, car le discours actuel de Trump – qui attribue la responsabilité exclusive de la guerre en Ukraine à Biden – est trompeur. Ce conflit est un projet impérial qui s’étend sur des décennies et qui a traversé plusieurs administrations américaines, y compris celle de Trump. C’est d’ailleurs sous son mandat que des armes létales ont été fournies pour la première fois à l’Ukraine, renforçant de facto l’expansion de l’Otan dans ce pays.

Revenons à aujourd’hui : pourquoi les gouvernements européens adoptent-ils une position aussi autodestructrice ? Ils ont l’opportunité de mettre fin à une guerre qui a été catastrophique pour l’Europe, mais ils semblent déterminés à saboter les efforts de paix de Trump et à prolonger le conflit. Et, du moins à court terme, ils y sont parvenus.

Le récit a considérablement évolué au cours de la dernière semaine. La confrontation entre Zelensky et Trump à la Maison-Blanche a marqué un tournant. Jusque-là, Trump dominait le récit, laissant les dirigeants européens désemparés. Macron a organisé des réunions avec des chefs d’État à Paris, mais ils semblaient perdus, cherchant des solutions désespérées et condamnés à rester des spectateurs passifs pendant que les États-Unis et la Russie décidaient de l’issue de la guerre.

Mais après l’incident dans le Bureau ovale, la faction pro-guerre en Europe a repris l’avantage. Trump leur a, en quelque sorte, offert une victoire sur un plateau d’argent – non seulement en Europe, mais aussi aux États-Unis. L’humiliation publique de Zelensky a été une grave erreur stratégique. Elle a donné au lobby pro-guerre en Europe les arguments nécessaires pour justifier un engagement militaire continu.

Ce post est destiné aux abonnés payants.